Daniel Clarke : Now I Live Here

7 Octobre 2021 - 15 Janvier 2022

DANIEL CLARKE

 

Daniel Clarke, artiste américain avec des origines irlandaises, a choisi la France depuis de nombreuses  années pour y vivre et travailler. Il fait la joie de la galerie en s'y installant dès le 16 septembre prochain pour 6 semaines.  Un large panel de son travail sera présenté, en peinture et sculpture sur bois, certaines oeuvres datant de  2017 et d'autres plus récentes. Les compositions de personnages, d'objets dans lesquelles s'entremêlent mémoires familiales, l'histoire irlandaise, a mi-chemin entre le figuratif et l'abstraction met en lumière l'évolution récente de l'oeuvre de Daniel Clarke. Il a entrepris comme un voyage à l'envers, non pas vers l'Amérique ou plus loin encore mais il explore un chemin incertain, tant l'horizon semble parfois se dérober, du visuel narratif vers l'ineffable intériorité. Son travail aux couleurs vibrantes, émouvant car il sait capter par certains détails ce qui nous va droit au coeur est à découvrir pour la première fois à Nice.

La Galerie 21Contemporary est heureuse de présenter sa nouvelle exposition intitulée « Now I live Here », consacrée à l’artiste américain Daniel Clarke et son œuvre polymorphe : peinture, dessins, multiples, sculptures, bas-relief et installation. 

Comment mettre en lumière le point d’inflexion dans l’œuvre d’un artiste, le moment décisif où l’expression prend une autre voie ? C’est le défi que la Galerie s’est donné en choisissant de montrer le travail de Daniel Clarke au travers de réalisations variées, récentes et plus anciennes qui témoignent de ce moment de bascule. 

Prendre une voie, c’est bien de cela dont il est question. Daniel Clarke choisit très jeune de quitter son New-York natal après des études de dessin puis d’art à l’Université de Yale pour vivre à Paris. Ses ancêtres irlandais avaient, eux, suivi le chemin inverse. A la croisée de ces cultures, un pied entre chaque continent, les questions fondamentales de l’identité, de mémoires, de positionnement tant physique qu’artistique nourrissent le travail de Daniel Clarke. 

 

Très vite, puis pendant de longues années, il se définit comme un peintre figuratif qui s’attache à restituer d’après photo une réalité, une atmosphère douce et attachante des personnages qui peuplent son cercle intime. Ils sont debouts sur une plage, le regard tourné vers l’horizon, accoudés à une fenêtre, comme plongés dans une forme d’introspection, de rêverie ou de contemplation, présents ou absents, on ne sait pas vraiment.

 

« C’était un miroir de ma vie, un miroir de moi. Aujourd’hui je suis passé de l’autre côté. »

 

Cette forme d’introspection présente jusque-là sur les toiles et dessins de Daniel Clarke, il l’entreprend pour lui-même pour tenter de démêler sa propre histoire familiale, des souvenirs d’enfance, du poids de l’héritage des mythes et légendes irlandais. Cette interversion des postures provoque comme une rupture, l’énergie afflue, déborde la toile. Un changement radical s’opère. L’artiste délaisse la forme narrative pour laisser place à une expression brute de ce qui émerge de son esprit. Ses compositions issues d’un long travail de correction, d’effacement et de reprises sont constituées de superposition de bribes de mémoires, d’impressions, de sensations. Elles dépassent le cadre comme si l’espace de la toile était trop exigü. D’une peinture délicate, à l’huile ou au pastel, l’exécution devient résolument graphique comme un retour à ses débuts. C’est par le dessin, pendant ses études, que Daniel Clarke aborde l’expression artistique. Aujourd’hui, le graphisme s’affirme pleinement à la fois comme outil dans le travail préparatoire mais également dans l’exécution de ses personnages ou de parties d’eux-mêmes, aux traits tranchés et vigoureux.  Les postures auparavant languissantes, statiques se mettent en mouvement. Les corps traversent l’espace avec détermination, tendus vers un ailleurs.  La couleur, jusque-là au service d’une réalité visible, en demie teinte, participe à la restitution de l’idée, de la mémoire. Elle existe par elle-même, au même titre que la forme, franche, vibrante, engageante et contribue à la dynamique de l’ensemble.  

 

Cet élan que Daniel Clarke portait dans son rapport à la peinture, au dessin, à l’exécution de bas-relief pour y retranscrire fidèlement son chez soi, son espace intime, se trouve aujourd’hui sous nos yeux sur la toile. Il sait comme le dit le titre de l’exposition : « Now I Live Here ». « Maintenant, j’habite ici. » Assuré par cet ancrage, il laisse libre cours à l’expression de son espace intérieur, libre et en même temps dans une forme plus engageante, voire brutale. Son rapport à l’art pictural se transforme pour devenir un corps à corps, le même qu’il entretient avec la matière : le bois, la plaque de cuivre. Ses compositions lui résistent. Il efface, corrige, recommence jusqu’à voir surgir sur la toile, de sa mémoire, de son inconscient cette idée non préméditée, qui dès lors apparait comme une évidence.